Édito
Éclairage de la phénoménologie
La phénoménologie se définit comme une science de l’expérience où la question de la conscience est centrale. Elle s’appuie sur l’étude des phénomènes, ces moments où le monde, les objets ou les vécus ne sont pas encore perçus ; où ils apparaissent à la conscience en se confondant avec elle. Cette vision spécifique du rapport entre le sujet et le monde qui l’entoure a considérablement influencé les sciences humaines depuis le milieu du 20ème siècle.
L’œuvre de Merleau-Ponty est une référence pour la psychomotricité. Pourtant la phénoménologie demeure encore trop peu présente dans les automatismes théoriques des psychomotriciens, alors que ce corpus peut largement argumenter notre clinique, comme nous le montre Séverine Békier.
En effet, ainsi que le pointent Jeanine Chamond et Max Aurières, psychomotricité et phénoménologie ont des préoccupations communes. La phénoménologie de l’expérience corporelle constitue un apport d’une grande richesse pour le psychomotricien qui cherche à comprendre et mettre en perspective sa pratique en prêtant du sens au vécu de ses patients. Les cas tirés de la clinique psychiatrique par Laure Greppo et Nicolas Raynal, ou de celle du handicap par Brigitte Feuillerat l’illustrent ici. Cette compréhension du vécu corporel et de son importance dans la constitution du corps propre nous invite à ré-explorer des domaines que nous croyons déjà connaître, notamment le développement postural avec Loïc Syard-Nay.
C’est là tout l’enjeu de ce numéro: découvrir ou redécouvrir, comme Évolutions Psychomotrices vous l’avait déjà proposé il y a quelques décennies, cette façon d’envisager les pratiques psychomotrices, sous l’éclairage de la phénoménologie.
Nicolas Raynal
