Édito
Il est des présupposés qui méritent d’être éclairés. S’occuper des personnes âgées mérite d’être valorisé. Une manière efficace consiste à extraire des pratiques les connaissances qui diminuent les fragilités. Mais qu’est-ce que la fragilité ? La réponse à cette question peut être abordée de différentes façons. La personne âgée fragile souffre de polypathologies ; c’est un sujet qui présente un risque de déséquilibre entre des éléments somatiques, psychiques et sociaux.
Une vue plus proche des réalités des familles ou des établissements montre aussi que la fragilité n’est pas seulement la conséquence de maladies chroniques, elle est caractéristique des personnes qui vivent une crise, qui supportent mal les traumatismes de leur expérience relationnelle. Ces traumatismes vécus en tant que plaies ou blessures, considérées comme non guérissables, accentuent les angoisses. Le cumul des origines organiques et existentielles intensifie l’affaiblissement. Il limite les réponses et rend nécessaire un accompagnement du milieu social. Les aidants naturels, les personnes qualifiées, concourent ainsi à ce que la vulnérabilité ne soit pas accrue. La psychomotricité a une place de choix lorsqu’elle peut faire émerger les formes de vie évolutives, contrairement à celles qui affaiblissent ou accentuent la vulnérabilité.
De ce point de vue, les acteurs du champ gérontologique se heurtent à des questions lancinantes : quelles sont les conditions pour que les personnalités fragiles soient capables d’autonomies, de décisions ? Les auteurs répondent ici successivement en décrivant :
- Les aspects particuliers des médiations qui facilitent le maintien de la vie sociale et favorisent une autonomie relative de la part des personnes malades ;
- Les situations particulièrement favorables où le psychomotricien tente de prévenir les troubles psychomoteurs en agissant autour du bien-être psychocorporel ;
- Les relations sociales, les formes relationnelles adaptées qui apparaissent comme des médiations d’autant plus importantes qu’elles sont la face visible d’une psychomotricité qui, globalement, s’appuie sur le corps pour accompagner les changements qu’engendre le vieillissement ;
- Les effets des chutes sur l’évolution du schéma corporel, l’éveil psychocorporel et la redécouverte de ses capacités par la participation à des groupes favorisant la conscience corporelle et l’exploration de potentialités corporelles ;
- L’importance de l’Examen Géronto-Psychomoteur face à l’émergence de nouvelles sémiologies liées au vieillissement de la population.
Michel Personne
Professeur associé en psychologie
Université de Tours