Édito
L’ étude et l’ observation de la communication non verbale sont une évidence pour le psychomotricien.
Comment intervient-elle dans les relations ?
Comment apparaît-elle dans les interactions de l’ enfant ?
Quelle place a-t-elle dans notre activité clinique ?
La communication est majoritairement non verbale. En effet, parallèlement au discours, nous observons la gestuelle, la proxémie, la prosodie, la posture, les regards, les expressions faciales, etc… Autant d’ indices qui nous informent sur le statut, la personnalité, l’ état d’ esprit, … de notre interlocuteur. Ces éléments régulent nos échanges. Ils sont variés et nous ne pourrons les évoquer dans leur ensemble. Nous allons aborder, ici, quelques composantes de la communication non verbale : les gestes, les postures et les expressions faciales. Nous verrons les rapports que ces trois aspects de communication entretiennent avec les émotions, la cognition et la motricité.
Ce numéro propose, d’ abord, de faire un état des lieux des connaissances empiriques sur le développement des gestes dans la communication, puis des postures, en lien avec les émotions. Ces articles permettent de prendre conscience de l’ étendue des recherches possibles et du peu de connaissances dont nous disposons.
Myrto Zacharopoulou et Catherine Garitte réalisent des recherches en psychologie du développement, spécifiquement sur les gestes dans la communication des enfants, étudiant les liens avec la posture, les émotions et la cognition.
Anne Baudier, maître de conférences en psychologie, présente l’ actualité des connaissances en neurologie car les neurones-miroirs nous ouvrent une nouvelle compréhension de l’ empathie.
Pour ma part, je suis psychomotricienne et doctorante en psychologie du développement, et étudie les postures émotionnelles et leur développement.
La posture est le support des émotions, mais aussi de l’ histoire de chacun. De plus, les postures et la motricité du nouveau-né sont un langage à part entière. Les professionnels de la santé savent déchiffrer en partie ces messages, mais qu’ en est-il des mères lorsqu’ elles sont en difficulté psychologique ? Gisèle Apter, praticien hospitalier dans une unité de psychiatrie mère-enfant, propose ici des études de cas de ces nouveaux-nés en relation avec leurs mères pour montrer comment les bébés, grâce à leurs postures et leur motricité, mettent en évidence les troubles de la relation de la dyade et aussi quelles opportunités thérapeutiques s’ ouvrent quand on prend en considération cette dynamique.
Comme nous avons pu le voir, la motricité des jeunes enfants exprime leurs émotions. Parallèlement, Céline Barriol et Catherine Garitte montrent qu’ il existe un lien entre les capacités motrices globales des enfants et leur compréhension des expressions faciales émotionnelles.
Ces articles nous permettent de nous apercevoir que, dans la pratique clinique, la communication non verbale est un élément clé dans la compréhension des interactions. Mais les recherches actuelles mettent en évidence les lacunes de nos connaissances sur ce domaine si riche. Elles nous ouvrent donc de nouvelles perspectives de réflexion, de nouvelles applications cliniques.
Isabelle Sage