Édito
En 1959 que le Professeur Julian De Ajuriaguerra reprend la chaire de psychiatrie et la direction de la clinique psychiatrique de Genève. Il est alors amené à rencontrer différentes personnes intervenant auprès des enfants et adolescents déficients ou présentant des troubles du comportement, plus particulièrement Mesdames Thérèse Bonnet-Hirch et Susanne Naville. Celles-ci utilisent le corps, le mouvement, le rythme et la musique comme médiateurs de leurs interventions. Mises en contact, étant donné leur conception que le mouvement et la musique représentent plus que le mouvement et la musique, elles sont rejointes par deux autres professionnelles de la danse et de la pédagogie ainsi que des soins infirmiers : Mesdames Vanessa Solioz et Renate Oppikofer. Sous l’impulsion de Susanne Naville, qui plus tard développera l’école de psychomotricité de Zürich, ces quatre pionnières conceptualisent entre 1962 et 1964 une méthodologie de la psychomotricité, tout en s’enseignant mutuellement leurs talents respectifs.
En 1964 la première formation officielle en psychomotricité voit le jour. Les premiers diplômes sont délivrés en 1966.
Pendant de nombreuses années, les étudiantes de cette école bénéficieront des enseignements du Professeur Julian de Ajuriaguerra, dont l’esprit imprègne encore la formation aujourd’hui.
Ce numéro est consacré à la formation en psychomotricité telle qu’elle est dispensée en Suisse française ; il reflète différents aspects de l’organisation de la formation, de ses activités ainsi que des conceptions qui les sous-tendent.
Après l’article introductif situant historiquement la formation, la profession et leurs liens ainsi que les conceptions et référence qui les sous-tendent, les articles proposés s’inscrivent dans les quatre axes qui regroupent les enseignements et dispositifs de formation structurant le parcours des étudiants en complément de leur formation sur le terrain (stages) :
– Interventions professionnelles, axe relatif à la construction de repères méthodologiques professionnalisants ;
– Fondements épistémologiques, axe relatif aux sciences du mouvement et aux sciences humaines ;
– Individus, cultures et sociétés, axe relatif aux cadres et contextes de la profession ; aux rôles et dispositifs professionnels ; aux problématiques sociales et de la santé actuelles ;
– Processus de formation et projet professionnel, axe relatif aux thèmes de la formation, de la transformation et de la recherche ;
Nous vous présentons ainsi tout d’abord, sous la plume de Bernard Senn, une réflexion à propos de la part expérientielle proposée dans le programme de formation et qui contribue à la spécificité de la formation en termes d’approche psychomotrice.
Puis, Nathalie Schmid-Nichols abordent les modalités pédagogiques soutenant le processus de pensée des étudiants concernant le développement de l’organisation psychomotrice du sujet et ses variations.
Ensuite, les questions liées au positionnement social des étudiants et des professionnels ainsi qu’aux dispositifs pédagogiques y contribuant vous sont proposés par Sylvie Wampfler-Bénayoun.
Enfin Marco De Monte vous présente une modalité pédagogique particulière du programme de formation, la semaine « intervolée » lors de laquelle l’ensemble des étudiants de la formation sont réunis afin d’approfondir des thèmes variés, aux carrefours de la profession ; cet article s’intéresse plus particulièrement aux relations entre psychomotricité et du sport.
Au terme de ces articles, la problématique de la recherche en psychomotricité est abordée par Sylvie Avet L’Oiseau-Tissot, en lien avec les mémoires de fin d’études réalisées par les étudiants et la recherche en cours actuellement à propos des effets de la thérapie psychomotrice dans le cadre d’un programme de financement de la recherche au plan suisse.
Voici donc quelques reflets de la formation en psychomotricité de Suisse romande pour vous convier, chers collègues à découvrir nos pratiques et références.
Anne-Françoise Wittgenstein Mani
Responsable de la filière Psychomotricité du HES-SO