Psychomotricité, psychothérapie ? – N°72 – 2006

La fragile naissance de l’alliance Thérapeutique (A.T.) – Marie Perono, Denis GRABOT

Une méthode de relaxation psychothérapeutique pratiquée par deux psychomotriciens en rééducation fonctionnelle et en psychiatrie adulte.
Une méthode, deux pratiques – Nelly Munier, Régis Montéant

Psychomotricien psychologue clinicien : Métis ou hybride ? – Éric Bouché

Colloques et congrès
Graphomotricité et pédagogie de l’écriture – Yves Le Roux

Prise de conscience du corps et affects
Une certaine théorie de la psychomotricité – Éric W. Pireyre

Édito

Évoquer la psychothérapie c’est à coup sûr s’engager dans un débat contradictoire voir conflictuel. Je vois deux raisons à cette exacerbation des échanges, qui peuvent avoir lieu au sein même de la communauté des psychomotriciens.

La première est assurément une question de définition, les acteurs s’opposent avant même de s’être mis d’accord sur le sens du mot et des pratiques qu’il recouvre, s’en suit inévitablement des malentendus. La seconde est moins naïve, c’est la défense du territoire, à l’œuvre au moment de la préparation du texte réglementaire qui régit désormais l’usage du titre de psychothérapeute, elle oppose les corporations professionnelles et vise la constitution de marchés fermés et de monopole.

La pratique clinique exige humilité et ouverture, tentons une définition de la psychothérapie qui intègre ces valeurs : « Méthode thérapeutique qui fait uniquement appel à des moyens psychologiques afin de traiter les troubles psychiques ou somatiques ».

Notre culture, notre histoire, notre langue sont construits sur le clivage fondateur entre les faits psychologiques et les phénomènes corporels. Les trois années de préparation au diplôme d’Etat de psychomotricien sont souvent insuffisantes pour convaincre chaque jeune du caractère infondé de ce modèle à deux pôles plus ou moins en relation. Le terme de psychothérapie n’échappe pas aux effets dévastateurs de cette simplification. En effet le psychodrame, la thérapie primale, l’art thérapie, l’hypnose font partie des techniques reconnues parmi les psychothérapies. Il est évident que ces techniques partagent avec la psychomotricité des moyens d’actions qui ne se limitent pas à des moyens psychologiques. Quant aux troubles visés et aux effets des psychothérapies il est indispensable de maintenir indissociable les conséquences psychiques, affectives et motrices. Une définition plus juste serait alors : « Méthode thérapeutique qui, part des inductions verbales et non verbales, traite des troubles cognitifs, affectifs et moteur ».

Nous pourrions ajouter que ces méthodes psychothérapeutiques partagent entre elles des techniques et des concepts comme l’alliance thérapeutique évoquées dans l’article de Marie Perono. La relaxation, comme nous le verrons dans l’article de Nelly Munier et Régis Montéant, est une psychothérapie à médiation corporelle de choix pour les psychomotriciens. Enfin, la bonne entente entre les différents psychothérapeutes se construit sur des frontières consensuelles, c’est l’objet du texte d’Éric Bouché qui aborde les limites entre les psychologues et les psychomotriciens.

Ce numéro va bien au-delà de l’opposition galvaudée entre psychanalystes et thérapeutes cognitivo- comportementaux. Tous sont des psychothérapeutes mais il y en a bien d’autres, parmi lesquels des psychomotriciens.

C’est par cet éclectisme technique ajusté à des indications différentielles que nous améliorerons l’efficacité et la généralisation des psychothérapies.

 

Denis Grabot

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