Édito
Un thème d’actualité :
Avec l’accélération des grandes modifications sociales, comportementales, culturelles, les processus de maturation, de structuration et de communication, évoluent à la mesure de la rapidité des nouvelles techniques d’information.
Les rituels corporels, familiaux, socio-économiques, traditionnels qui favorisaient grandement la structuration de la personnalité sont remplacés par d’autres, copiés parfois sur les médias, réinventés par réactions ou oppositions. Les images ainsi véhiculées modifient nos comportements mais aussi la représentation de nos vécus.
L’Université d’Été de l’ISRP est un lieu de recherches, de témoignage et de formation. Elle se devait de traiter un tel thème, d’autant que sa dimension interculturelle reflète bien les échanges entre les différents groupes ethniques et socioculturels qui se retrouvent chaque année à cette occasion, en juillet, à Paris.
En s’intéressant au corps, lieu d’expérience fondamental et fondateur, le psychomotricien intervient toujours dans un contexte culturel.
Le corps de l’enfant est façonné, construit, représenté et investi de pratiques et de rituels, transmissions historiques indispensables qui participent à son développement et façonnent son image du corps, pivot de sa personnalité. Partout, le psychomotricien adapte son intervention en fonction de ces imprégnations car le corps, à tout âge, est le lieu de rituels.
Réfléchir à cette dimension, en connaître les subtilités, est d’autant plus important aujourd’hui, dans notre époque de mondialisation et de perte de repères sociaux. Connaître aussi bien les différences culturelles des pratiques sur le corps, que les conséquences des ruptures de transmission et des phénomènes d’acculturation, permet de mieux comprendre la problématique de chaque patient. Cela évite également les références inadaptées qui faussent les diagnostics, ainsi que les chocs culturels qui empêchent les rencontres.
Parce que le corps parle de culture, que nos pratiques sont aussi culturelles.
Alexandrine SAINT-CAST
