La Relaxation Thérapeutique Méthode Bergès Clinique – N°106 – Décembre 2014

Pour permettre la transmission et maintenir la qualité de la Relaxation Thérapeutique Bergès dans la rigueur, nous avons mené à bien deux réalisations :

En 2004 : la fondation d’ARTEA -Association de Relaxation Thérapeutique chez l’Enfant et l’Adulte – dont les membres fondateurs sont : Jean Bergès, Marika Bergès Bounes, Christine Bonnet, Geneviève Ginoux et Anne-Marie Pécarelo.

ARTEA regroupe les membres formés à cette méthode de thérapie de relaxation et organise une Journée Annuelle de l’Association. www.arteaberges.fr

En 2008, 30 ans après la publication chez Masson de l’ouvrage La relaxation thérapeutique chez l’enfant (J.Bergès et M.Bounes) , la publication chez Masson Elsevier d’un nouvel ouvrage : La relaxation thérapeutique chez l’ enfant, corps, langage, sujet (M. Bergès Bounes, Ch Bonnet, G. Ginoux, AM. Pécarelo & C. Sironneau Bernardeau), ouvrage traduit en italien par F. Boscaini aux éditions CISERPP en 2013 .Une traduction en espagnol est en cours par Maria Rougeon , elle sera publiée aux éditions Fundacion CITAP (Madrid) en 2018.

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Édito

La «relaxation thérapeutique Bergès» est née à l’hôpital Sainte-Anne dans les années 60, dans le service du Professeur Julian De Ajuriaguerra. Très inspirée du Training autogène de Schultz, elle a été proposée d’abord à des groupes d’enfants présentant des troubles psychomoteurs et du langage par J. De Ajuriaguerra, J. Bergès et des collaborateurs. H. Wallon travaillait avec eux dans le pavillon Ferrus à Sainte-Anne – les échanges autour du corps, du tonus, de la posture, ne cessaient pas -, de même que Mme Borel-Maisonny et Mme Soubiran qui ont ouvert la voie, la première, à l’orthophonie, la seconde à la psychomotricité.
Cette thérapie corporelle a été très vite aussi proposée aux adultes.

Le terme même de «relaxation» – qui prévaut malgré son inadéquation – est équivoque car il renvoie immédiatement à une idée d’hédonisme, de massage, de bain chaud, de farniente ; nous lui préférons celui de «relaxation thérapeutique» qui met tout de suite l’accent sur le soin et la psychopathologie, ce qui indique ipso facto la nécessité d’une formation sérieuse pour les praticiens qui utilisent cette technique.

Pour nous, la relaxation est un travail sur le corps, une expérience subjective du corps que l’enfant ou l’adulte vient faire, en groupe ou individuellement, chaque semaine, dans le transfert au thérapeute. Celui-ci suggère des images mentales, touche et mobilise le corps de l’enfant ou de l’adulte, en nomme les différentes parties. La relaxation thérapeutique est donc une technique originale qui allie une concentration mentale à une décontraction musculaire en présence du thérapeute qui utilise «toucher» et «nomination» dans une suggestion aussi neutre et légère que possible.

L’important pour nous – et nous le disons tout de suite à l’enfant ou l’adulte qui s’engage dans une relaxation thérapeutique – n’est pas d’obtenir la détente (elle viendra un jour), mais d’être présent à ce qui se passe en lui pendant qu’il tente d’obtenir la détente proposée – au-delà du symptôme qui l’a amené à consulter : question délicate du symptôme dont on connait la difficulté chez l’enfant puisque la demande, en pédopsychiatrie est celle des parents, rarement celle de l’enfant. Il n’y a donc aucune contrainte, aucun modèle à imiter, aucun gage à donner, nous proposons simplement au patient d’être à l’écoute de ce qui se passe dans son corps.

Cette relaxation – dite «thérapeutique» pour la différencier des techniques de détente et de confort – ne constitue pas un maternage ou la recherche d’une régression qui serait censée faire revivre au patient les étapes manquées de son développement. Pour nous, pas d’interventions du thérapeute en relaxation de nature maternante, qui ne nous semblent que refléter l’imaginaire du thérapeute venant combler le vide supposé chez le patient. L’important est qu’il puisse passer au registre symbolique qui suppose la perte, celle que nous impose la rencontre avec les lois de la parole, les lois scolaires, les lois sociales.

La relaxation thérapeutique n’a pas davantage une visée rééducative ou cognitive qui supposerait à la fois un modèle à imiter et un renforcement du moi et de l’adaptation sociale et scolaire.

Le risque pourrait être aussi de «chosifier» le corps, comme s’il était un objet acquis, sur lequel le sujet pourrait «mettre la main» une fois pour toutes ; or le corps est insaisissable, il nous échappe sans cesse, nous n’en avons conscience que de manière fugace et lorsque nous le parlons. Il change insensiblement, tout simplement parce qu’il vit et qu’il meurt. La relaxation permet d’en prendre conscience dans cette fragilité et cette précarité mêmes.

On sait combien, en pédopsychiatrie, la question de l’aliénation à l’autre, à la mère notamment, celle de la difficile séparation du corps de la mère et de celui de l’enfant est complexe. Comment ne pas rester l’objet de l’autre ? Comment devenir sujet ? Devenir un parmi les autres et aussi semblable à eux, puisque partageant la même langue, la même humanité ?

C’est le pari que fait la relaxation thérapeutique: permettre à l’enfant de trouver une place, sa place, celle d’où, comme le dit Bergès «l’enfant peut parler». Il écrivait en novembre 2003 : «La relaxation thérapeutique chez l’enfant nous apprend que l’imaginaire, le rêve, le fantasme, ne sont pas de fondation dans ce qu’elle nous permet de comprendre du corps de l’enfant, mais qu’au contraire pour l’enfant le symbolique est premier.»

«L’une des premières conséquences du côté du thérapeute est qu’il n’est pas là pour regarder mais pour entendre, ceci avec d’autant plus d’acuité que l’enfant vient, par sa motricité, parasiter sans cesse le regard du thérapeute qui attend de lui le calme et une certaine immobilité : c’est de cet imaginaire, animé par le corps en mouvement, que le thérapeute doit se méfier d’abord. De même qu’il ne doit oublier en aucun cas que lorsqu’il s’agit du corps de l’enfant, il s’agit aussi de celui de la mère, et qu’il ne doit surtout pas tenir cette place maternelle.»

«De la même manière, doit être proscrite une cure conjointe de l’enfant et de sa mère, si souvent désirée par celle- ci, et mise en acte à la maison.»

«Le corps du thérapeute, en particulier s’il cherche à regarder celui de l’enfant, est immédiatement pris dans différentes formes d’identification, assez caractéristiques de la relaxation : la motricité, la posture sont impliquées aussi bien dans des processus d’imitation, de mimétisme et d’identification puisque d’une certaine façon le thérapeute propose à l’enfant un véritable «coup de force» : à savoir s’identifier à ce qu’il lui dit, non sous la forme d’une suggestion simple, mais plutôt en lui faisant entendre qu’il fait l’hypothèse que l’enfant est capable d’en faire une, que l’enfant a une demande.»

«Le passage par le corps permet pendant la séance une véritable exploration à condition que le toucher, la mobilisation du thérapeute s’accompagne de signifiants qui n’ont rien à voir avec une pédagogie cognitive ou une description imaginaire, mais avec une reconnaissance symbolique qui ouvre la voie à une individuation».

Marika BERGÈS-BOUNES,

Psychamalyste

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